l'éclair de la rose

carnet web du poète robbert fortin

vendredi, février 25, 2005

NUIT

La nuit se mesure en rêves
en plaçant la tête
dans l'illusion de comprendre
qu'un ciel plus haut tu verrais
ce visage que tu ne peux prendre
dans tes mains

jeudi, février 24, 2005

SI TU VEUX QUE LA NUIT

Avance et vis peu importe
même si cette nuit tu répètes j'ai peur
parce qu'une étoile a déjà été
le jouet de l'espace à tes yeux

encore une fuite
et pas assez de temps
pour déplacer ton corps
loin des chemins tordus
parce que tant de fois
trop près de l'amour tu es tombé
sur des horizons fermés d'avance

fais vite fuis si tu crois
que ton coeur va transformer
tes désirs en brûlures
tu ne voudrais pas une fois de plus
redécouvrir en toi cet adolescent
en déroute à la recherche
d'une lumière vidée de ses illusions

pense en mots pour dire
avenir demain autre jour
si tu veux que la nuit
fasse apparaître tes rêves
à la fenêtre pleure
sans trop de lampes éteintes
pour ne plus faiblir
contre les gestes qui t'ont meurtri

dimanche, février 20, 2005

Extraits: Peut-il rêver celui qui s'endort dans la gueule des chiens

je me réveille au milieu d'un nid d'abeilles
une ville au commencement d'octobre circule
l'épaisseur des gaz d'échappement s'élève dans l'air
un enfant jette sa poupée par la fenêtre
le soleil comme une grenade
fait éclater les vitres de l'hôtel
des gens se font quêter de l'argent
sur le stand des souvenirs pour touristes
deux statues de plastique se regardent dans les yeux
je me sens pris par le choc des idées
la peur est partout vivante sur les choses
les feux de circulation demeurent
un signal pour traverser la rue
cette légèreté me soulève avec le vent
tout est absorbé dans l'incohérence de la lumière
tout est vrai tout est irréel à la fois
le présent n'a jamais été aussi précaire
la radio glorifie des banalités
le regard ne veut rien défendre
à New-York la terre est une vieille idée inutile
New-York ta liberté n'est plus qu'une statue
le rêve américain ne sauve personne
I am not american

samedi, février 19, 2005

Extraits: La force de la terre...

chaque jour
il y a l'étrange déplacement des voitures
les gens se cherchent un bonheur
je ne sens plus le besoin de justifier mes choix
feuillage et lumière confondus
j'ai trouvé un caillou dans ma poche
je te le donne pour défendre ta mémoire
nous marchons dans notre instinct
j'aspire le plus de lumière possible
mon poème est un arbre clair

je cueille les étoiles tombées sur la neige
tout se perd tout se crée

l'hiver recommence l'horizon
le jour est une courte phrase
les mots les plus simples sont des yeux
qui s'ouvrent

Extraits recueil: La force de la terre reconnaît l'homme à sa démarche

mardi, février 15, 2005

ÉCRIRE BRÛLE

Je suis un homme qu'écrire brûle

ai-je dit pourquoi le feu m'atteint
au coeur c'est une sorte de bruit
qui chasse l'angoisse ou l'ennui

en fait j'y reviens toujours
grandir transforme qui laisse
en chemin le temps déjà pris

samedi, février 12, 2005

TABASSE LE VENT

Monte la voix même si seul
au point d'appui avec des éclipses
dans ta respiration même si autour de toi
la lumière change d'éclairage
pour soutenir d'autres ombres

ce que tu es quand d'autres tombent
ne te rend pas la vie plus facile

même si ton cri saigne
en explorant l'étrangement neuf
traverse en toi
ce que tu nommes le jour
dans l'instinct de ton être

il n'y a pas d'autres poètes ici
nous ne savons presque rien de la vie
prends ta tête et va rêver

jeudi, février 10, 2005

GENESIS

Naître
sans voix ou en langue étrangère
comme une vérité sans preuve
pour se fondre
à l'équation des astres
dans nos os

parce que la grandeur de l'être
appartient à ces premières lueurs
d'un homme qui se refait
un jour de sa nuit

naître
émet un son lumineux
que l'on entend
jusqu'à sa mort


Extrait du recueil: La lenteur,l'éclair
Hexagone

mercredi, février 09, 2005

LE MAGICIEN

Nous nous sommes lavés le coeur
avant de partir vers la rivière
pour ne plus voir trembler les ombres
que le soleil voulait blesser

nous avons été attentifs
aux grandes raisons de vivre
au nom des choses que l'on traverse

une fois engagés dans l'invincible
beauté des passions
nous l'avons accordée au vif éclat
de la lumière à la découverte
verdoyante du poème
même si les cicatrices des petites morts
demeuraient l'intime secours de nos paroles

nous avons mélangé les cendres
du magicien à l'écume des eaux
pour porter les courants
vers la révélation du détachement

sur nos ardoises l'imaginaire
transportait des oiseaux des fleuves
des forêts et le vierge préparait l'être
à recommencer l'aurore les mains libres


à Roland Giguère, poète
ce poème a été publié dans EXIT #37

mardi, février 08, 2005

LUNE BLANCHE

Petite boule d'abat-jour décoré d'étoiles
ma sphère hostie aux effets de voyante
affamée de son reflet
sur un lac Colbalt Blue
exhibant l'espace tourné vers l'eau
pour tromper le réel
de ce qui nous traverse
quand les yeux sont pleins
de ces blessures cousues au corps

Ô lune blanche
tu fus aussi cette larme
sur mon livre d'écolier
l'encre chagrin
des nuits où je voulais m'évader
jusqu'à l'émiettement
d'un coeur cru aimé

Soudain il faut tout recommencer
réapprendre à jeter des ponts
au centième de seconde
Peut-être es-tu l'instantané
volé aux sels d'argent
Polaroïd Brooklyn
Apollo Blues
Clair de lune Café
malgré nos os sous les journaux
à l'heure où Neil Armstrong
walking on the moon
clouait sur ta face
un drapeau américain
comme on plante
un cure-dent dans l'olive
une épine dans le crâne

Mais jusqu'où chercher la clarté
entre le pansement le cliché la passion
quand tu te refuses
à habiter le paysage
hors d'atteinte

perchée sur tes songes

Extraits: L'aube aux balles vertes
Éditons L'Hexagone

LUNE NOIRE

Belle et triste
plus noire qu'un feu
abandonné sur la neige

La lune attend
l'étoile peinte
au flanc de la montagne
pour s'approcher d'un poète fatigué
des meutes d'angoisse
consommant sa tendresse docile

Le poids des larmes
les élans de l'obscur
gagnent toujours contre
la création d'un sentiment d'urgence

Tout passe par le coeur
quand l'agrafe des chiens
force la serrure de la plaie

Lentement la mort
vient jeter un trait de lumière
déguisé en lune noire
dans le secret de la chair

Et à quelques pas de là
plus rien que moi
dans l'épaisseur de vivre
troué comme un arbre
qui ne lâche jamais ses racines

Extraits: L'aube aux balles vertes
Éditons Hexagone

lundi, février 07, 2005

LUNE ROUGE

Tu crois que la lune rouge
va comprendre les gestes
qui repensent ta vie
ça te rend mélancolique
ces mouvements de l'être
que tu orchestres dans ta tête

pense aux arbres fondus
qui ont brouillé tes pistes
quand tes certitudes se répondaient
dans un coin d'espace
trop petit pour tes yeux
le bruit des pulsations d'automne
laissaient courir la rumeur
que tu étais aveugle
à l'effritement de tes forêts

tu attendais les dernières feuilles
d'octobre et leurs cendres colorées
tandis que sur l'eau les reflets
de ta parole venaient à peine
de découvrir une partie de tes désordres

en détails ton corps flottait
sur un lac qui ne savait
quoi répondre à ton cri
et la lune rouge évitait
tes idées mordantes pour te faire
voir ce que tu avais gaspillé
d'énergie en te battant
contre les forces de ta jeunesse


dimanche, février 06, 2005

extraits:Nouveaux poètes d'Amérique

Quoi de plus vivant qu'un rêve d'homme
qui retourne à l'hôpital
pour un lavement d'absolu
------------------------------------
d'où vient que tant de morts
et de deuils inutiles
compliquent les narrations de la beauté
---------------------------------------
si Dieu a fait l'Homme à son image
je ne veux pas de Dieu s'il est armé
je ne désire pas Dieu dans ma maison
s'il cache une bombe sous sa veste
je ne veux pas d'un Dieu qui sanctifie la faute
à la pointe d'un fusil devant un barrage militaire
------------------------------------------
Terres je tremble
Océans j'écoute

seul entre nous
fragiles matières
vertes noces

Terres j'Amazone
Océans j'Atlantique
---------------------------------------
j'écris le petit bruit du coeur
le perdre serait grave

samedi, février 05, 2005

POÈTE

On est pas sérieux
quand on a du génie
le coeur fait ses révoltes
et l'ombre ses soleils

quel feu agite notre sang
le rêve nous dévore
si l'étoile l'éclabousse

sous son manteau d'éclairs
l'infini nous féconde
un vin captif et clair

la mort a ses visages
et l'enfer tous les cieux
pour écraser les roses

l'être est un miroir
qui regarde venir
le chaos et les armes
les baisers de l'obscur
lèchent souvent son âme
le bonheur est un songe
une voix née des sables

du neuf toujours du neuf
jusqu'à plus soif du vide
les seuls sons que l'on aime
sont les feux de lotus
qui dévorent nos désastres

même le temps s'incline
devant celui qui passe
et son souffle en allée
fait une lueur noire
dans l'alcool des lumières

vendredi, février 04, 2005

SI JE REVIENS VERS TOI

Hier nous serons demain
d'un éclair tout ce qui vit
à la lenteur de la lumière
aura dans la nuit tes yeux
sans cesse traversés par l'amour

ce visage sera bien le tien
avec ton front levé vers la mer
pour accueillir à même sa finitude
l'anneau de l'existence
comme une icône déposée sur l'air

ni l'oiseau ni le chat
ni la montre ne diviseront
nos rêves si je reviens
vers toi comme une vague intacte
qui a fait de l'instant l'éternité
où s'unissent l'humain et le monde

il faudra toi aussi que tu retrouves
cet élan neuf du déjà désir
pour aimer ce qui va naître
entre failles et grandeurs
ce qui pourrait être demande
que tu fusionnes le risque du beau
pour déposer la mer en toi

nous prendons toute la clarté
pliée entre nos mains
les battements de nos coeurs
nous rendront plus vivants
au jour qui respire
ce que nous avions commencé

jeudi, février 03, 2005

TOUJOURS POSSIBLE

Nous nous voulons de la même façon
que l'espoir nous porte
vers le contentement du corps

il est toujours possible
de s'accommoder d'une suite
de petites choses en attendant
debout chacun murmurer
nos présences sans être
sur la défensive

crois-tu que les désirs
prennent un sens si l'éclair
d'une rose ouvre la voie
à des oiseaux captifs
de leurs anciennes blessures
crois-tu que les yeux s'opposent
au vide en courtisant un bonheur
qui reste muet aux voluptés de la main

l'amour est un feu brut
que la coeur nourrit
et seuls les amants savent
se givrer de sucre
si meurt l'épine qui dort
sur un petit bûcher de braises



mercredi, février 02, 2005

NORMAL QUE L'ON S'Y LEURRE

Où meurent les êtres qui manquent
à l'appel des paroles les coeurs
qui ne se décident pas à vivre
les rêves qui jouent au réel
et les désirs qui oublient
les extases des loups

j'espère des choses douces
et des gestes élémentaires
quand mes yeux regardent
les tiens comme une voix
qui prie un feu aux ailes chaudes

où vont les eaux vives qui fuient
les grandes gorges d'azur
les arbres cassés par la foudre
du vent et les cendres
du sommeil touchées par l'insconscient

où va le hallali de la bête
mise à mort et les nymphes de sel
que la mer a nourries

que gagne l'éternité
à tant mordre nos chairs
que fait l'aube que les pierres
estiment perdue

je voulais que tu comprennes
l'humain en moi qui pleure
en regardant venir le parfaire
de l'intime caressé par les roses
quittons ce monde qui paralyse
l'amour est notre seul reflet
normal que l'on s'y leurre
voluptés des fontaines




mardi, février 01, 2005

Mon coeur ce rubis que le feu respire

Tes mensonges laissent
très peu de place à l'amour
j'aurais préféré une autre fin
pour simplifier les choses
un gros plan sur la fumée des braises
où vient mon coeur mourir
comme un rubis que le feu respire

j'aurais préféré ne pas m'épuiser
dans ce qui reste de sentiments
je n'aurais pas noirci l'oreiller
de coups de poing de never more

la blessure est la flèche
la plus rapprochée de la nuit
ce qu'elle traverse avive une douleur
et atteint les dernières illusions
où s'est promenée la foudre du réel